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"On n'est pas sérieux quand on a 17 ans".
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2 février 2012

«Il faut dans nos temps modernes, avoir l'esprit européen» Madame de Staël

Dans une période de crise qui frappe violemment la zone euro et l'Union Européenne dans son ensemble, les conditions propices à lancer un débat quant au futur de cette institution interétatique sont réunies. Les problèmes s'amoncellent dans les négociations. Pressés par la conjoncture économique mondiale, les dirigeants politiques européens ont été sommés de s'entendre à la fin de l'année passée. Pourtant, le modèle à défendre pour l'avenir n'est pas défini.

 

Le débat reste vif entre fédéralistes et souverainistes. Ces derniers s'appuient sur les difficultés actuelles pour mettre en évidence les dysfonctionnements passés depuis longtemps soulignés : lourdeur bureaucratique, manque de poids international, déficit d'intégration... De nombreux maux sont mis sous la responsabilité des institutions de l'Union. Préconisée par de Gaulle, l'Europe des États est remise à l'ordre du jour. Milton Friedman – l'économiste ultra-libéral américain – avait raison, selon certains, en annonçant dès sa création la faillite futur de la monnaie unique. Ces mêmes personnes préconisent sortie de l'euro, protectionnisme et récupération de souveraineté nationale.

Il me semble que ce sont de bien étranges remèdes que ces docteurs prescrivent ici. Aller à contre-courant d'une mondialisation déjà bien entamée me semble suicidaire. En France, le problème de l'emploi est un problème brûlant et faire du protectionnisme conjoint avec l'inflation obligatoire qu'accompagnerait une sortie de l'euro semble propice à une montée accrue du chômage. De plus, notre balance commerciale est bien assez déséquilibrée pour la défavoriser davantage en fermant nos frontières. La question européenne me semble fortement en lien avec celle de la mondialisation.

C'est pour profiter de ses fruits pleinement qu'est remis à l'ordre du jour le souhait d'Aristide Briand d'aboutir aux « États-Unis d'Europe ». Du point de vue fédéraliste, il serait profitable de s'unir afin de gagner en poids international, en poids économique et en capacité d'action. Cela passe par une 'Europe des régions', en s'appuyant sur ces deux échelles du pouvoir politique. Aujourd'hui de plus en plus défendue, cette position soulève néanmoins quelques interrogations : comment convaincre les états à une si forte perte de souveraineté nationale ? L'intégration européenne peut-elle aller jusqu'à ce paroxysme ? La diversité des cultures entre ces états ne constitue-t-elle pas un frein à une union aussi forte ?

 

Tant et si bien que je considère ces deux points de vue comme relativement caricaturaux. Ces deux points de vue poussés au maximum pourraient avoir de nombreuses conséquences négatives. Ainsi selon moi, il s'agit aujourd'hui de trouver un compromis intelligent. Une union plus forte entre les états est nécessaire. En effet, il est impératif de s'unir pour espérer peser sur la scène internationale, tant économiquement que politiquement. Si on n'agit pas, il n'y aura plus aucune nation européenne dans les dix premières puissances économiques mondiales, conséquence de l’ascension fulgurante de pays comme la Chine, l'Inde, le Brésil...

Il faut pourtant aboutir à un fédéralisme intelligent comme le disait ci-dessus. En effet, penser unir des pays aussi différents que les vingt-sept qui composent aujourd'hui l'Union Européenne m’apparaît comme illusoire. Robert Schuman et Jean Monnet ont pourtant fait preuve de ce qui restera selon moi telle l'une des plus grandes marques de courage politique. Oser au sortir de la Seconde Guerre Mondiale affirmer que le salut européen passe par l'union entre deux peuples il y a encore peu belligérants, s'entre-tuant par trois fois en moins de cent ans me paraît visionnaire. Il faut renouer avec ce courage. Malgré cela, nous avons tendance en France au mimétisme. Si une quelconque mesure aboutit à de probants résultats dans un autre pays, nous nous devons de l'appliquer, surtout si ce pays est l'Allemagne. Pourtant, avons-nous, la même culture, la même histoire, le même modèle économique et politique, la même organisation du territoire, la même démographie ? Non. Cela me semble relativement optimiste, et ce serait même un peu facile.

C'est pourquoi je pense à titre personnel qu'il nous faut trouver un équilibre. L'Europe devrait se constituer au sein d'un effectif réduit (la zone euro et d'autres états volontaires par exemple) qui viserait à une intégration accrue et à un fédéralisme partiel. Partiel car il devra être, encore une fois, intelligent. Permettre plus d'efficacité économique mais en tenant compte des spécificités de chaque état. Pourquoi ne pas créer des ministères européens des Affaires Étrangères et de l’Économie, chargé d'unir les voix des états pour leur conférer plus de poids ? Cela laisserait ainsi le soin au pays de décider de son propre budget en fonction de sa tradition et de ses caractéristiques propres. S'agissant du reste de l'actuelle Union Européenne, cette dernière pourrait retrouver son simple rôle de zone de libre-échange résolvant du même temps le problème des limites géographiques de l'Europe, tout pays se trouvant en capacité de l'intégrer.

 

De nombreux défis attendent l'Union Européenne : crise de la dette souveraine, question nucléaire, poids international, écologie... Il nous faut peser mais de manière raisonnable. La continuité que représente une Europe à deux vitesses, à 17+ comme on dit aujourd'hui, me paraît raisonnable, et la meilleure façon de réagir aux troubles qui agitent aujourd'hui le Vieux Continent.

(c) Théo Felix / 2012

 

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